IRON & WINE (click)
OKAY (click)
Huggable Dust n'est rien d'autre qu'un témoignage de 18 chansons inquiétantes de réalisme et de précision. Avec une vision limpide de ce qu'est un sentiment amoureux à sens unique il dose savamment ses paroles répétitives et ses arrangements à première vue brouillons mais magistralement ficelés. Certains pourraient s'arrêter là et jurer de ne jamais écouter cet artiste, c'est compréhensible, sa voix comparable à celle d'un rejeton de Marianne Faithfull ayant trop fumé est très surprenante (Anderson est atteint de la maladie de Crohn).
Maintenant que les choses sont claires cet album Indie-pop est l'un des meilleurs albums que j'ai entendu depuis longtemps. C'est un album qui à la fin vous touchera personnellement ou pas du tout.
Quatre morceaux ouvrent les hostilités "My", "Only", "Tragedy" et "Nightmare". Des mélodies tellement accrochantes qu'on ne se rend pas comptes qu'il n'y a que 4 lignes de paroles. Outres des accords solidement nostalgiques et entrainants à la guitare, accessibles aux novices, le synthé et la batterie arrivent progressivement pour fermer la porte derrière vous.
"Loveless"& "Peaceful", bruitages rappelant des jeux vidéos et contre temps piano/batterie démontrent à quel point il est facile pour lui de transformer des ambiances en notes.
"Natural", probablement le morceau phare de cet album, vient rappeler le fait qu'il est seul et qu'il a le temps de composer tel un hymne version "forêt canadienne enneigée", cette chanson sort du lot :
"Me and you the exact same white light
I could write a novel tonight
I could write a new song each day
It's a natural part of my day"
Okay nous livre un album d'à peine 59 minutes, riche en expérimentations et folk traditionnel. Un témoignage que l'on pourrait sans trop s'avancer qualifier d'auto biographique. Il ne manquerait plus que ce cd soit pris d'une soudaine auto combustion pour faire parler de lui.
THROW ME THE STATUE (click)
Si le projet est né sous l’égide du seul Scott Reitherman, Throw Me The Statue est devenu un vrai quartet et les compositions de ce deuxième album sont désormais signés collégialement.
Notons que Phil Ek est venu prêter main forte au groupe, lui qui a déjà œuvré notamment avec The Shins, Film School, Fleet Fox ou Built To Spill. Autant d’indices pour cerner le domaine de prédilection de Throw Me The Statue. On pourrait également souligner les accointances évidentes avec Grandaddy quand le ton est enlevé ou, quand le groupe verse dans un son plus 80’s comme l’excellent Cannibal Rays, avec à Windsor For The Derby. Là, le chant doucereux de Reitherman épouse merveilleusement bien une rythmique métronomique, à la fois raide et bondissante. Ailleurs, l’enchainement couplet / refrain avec un son typiquement noisy-pop fait merveille. Plus loin, les Américains dépouillent leurs compositions pour signer un tiercé final fantastique : Baby, You’re Bored, ballade dépouillée que n’auraient pas renié les ainés Sebadoh ou Pavement, Shade For A Shadow en mode acoustique et le final The Outer Folds, doucement mélancolique - très dans l’esprit Galaxie 500.
Si à l’issue de Creaturesque, on peut évoquer pas loin d’une dizaine de groupes constituant un beau florilège de la pop américaine à guitares des années 90’s, c’est juste le reflet de l’enthousiasme suscité par ce disque frais et spontané.
TIMBER TIMBRE (click)
Medicinals (2007)
THIS WILL DESTROY YOU (click)
Field Studies (2009) Album Link
THEE MORE SHALLOWS (click)
Thee More Shallows est un trio totalement obsédé: Dee Kesler (chant/guitare) a passé la totalité de sa vie à penser musique, au point que, encore aujourd’hui, l’homme peut paraître distant et un peu simplet pour qui le croise. Ses deux compères, tous deux batteurs et multi instrumentistes, ne sont pas mieux lotis: Chavo Fraser tape tous les matins sur un bout de bois jusqu’à ce que son esprit soit totalement éveillé, avant même de boire la moindre goutte de café, et Jason Gonzales passe des nuits entières à parcourir les grandes ondes de la radio à la recherche de samples.Pas étonnant donc, qu’avec tant de dévouement pour leur art, ces trois dingues aient vu leurs routes se croiser en 2001, lors d’un concert ou chacun jouait au sein d’un groupe différent. L’aventure Thee More Shallows était lancée. “A History Of Sport Fishing”, premier album tourné vers le slowcore et la musique classique, sort en 2002, suivi en 2005 du plus atmosphérique et unanimement accueilli “More Deep Cuts”. C’est donc en 2007, suite à la rencontre de Odd Nosdam, que le trio s’acoquine naturellement avec Anticon, une nouvelle signature du label qui ne fait que confirmer la tournure pop de son catalogue, pour ce “Book Of Bad Breaks” se détachant une nouvelle fois de ses prédécesseurs.Incontestablement, Thee More Shallows sonne aujourd’hui beaucoup plus pop, comme si Wire et Bowie avaient choisi de marcher bras dessus bras dessous, a choisi de faire plus simple, plus minimal, plus instinctif qu’à l’accoutumée. En effet, tout en adoptant une approche et quelques sonorités piochées hors des sentiers battus, ce nouvel album jouit d’un capital efficacité et charme qui fait tout son effet, et cela dés la première écoute. “Book Of Bad Breaks”, aidé par la contribution de Odd Nosdam, caresse faussement dans le sens du poil, par le biais de mélodies simples qui s’accrochent définitivement à vous, d’ambiances plus ou moins sombres et froides, d’atmosphères tordues, et d’un chant absolument parfait, à rapprocher de celui de The Postal Service.
EXPLOSIONS IN THE SKY (click)
Mark, Munaf et Michael, amis depuis 1993, la première rencontre eut lieu, très exactement, dans un très populaire restaurant d’Austin, le Milto’s Pizza Pub, en février 1999. Après quelques concerts, ils enregistrent leur premier album How Strange, Innocence en janvier 2000. Ils acquièrent rapidement une bonne réputation comme d’ailleurs d’autres groupes locaux comme Lift To Experience.
En décembre 2000, ils enregistrent leur second album Those Who Tell The Truth Shall Die, Those Who Tell The Truth Shall Live Forever. Ce titre vient d’un documentaire dont les membres du groupe ont entendu parler. Cependant aucune trace de ce documentaire n’a jamais été trouvée. Le titre signifiant une certaine dualité que peut rencontrer chaque être humain durant sa vie. Cette vie qui peut être parfois “misérable et horrible” mais aussi “belle et magnifique et remplie de joies”. Ils trouvent l’enregistrement de leur second album très comique puisqu’ils se sont retrouvés dans une maison sans chauffage au milieu de nulle part. Avec la parution de ce second album, le groupe obtient l’attention des médias car l’album contient l’image d’un avion avec comme légende: ”cet avion s’écrasera demain”.
De nombreuses sources prétendent que l’album est sorti le 4 septembre 2001, une semaine avant le 11 septembre 2001, mais une interview pour Skyscraper Magazine à l’été 2004 révèle que l’album est sorti réellement en août 2001. Les membres du groupe expliquent d’ailleurs qu’ils avaient eu l’idée plus d’un an avant l’attentat du World Trade Center.
En 2003, sortie de leur troisième album, The Earth Is Not A Cold Dead Place, s’en suivit une très longue et éprouvante tournée européenne de plus de cinq mois.
Le dernier album en date d'Explosions in the Sky est sorti le 19 février 2007, intitulé All Of A Sudden, I Miss Everyone.
Les membres du groupe travaillent sur de nouvelles compositions en ce moment, qui pourraient être très différentes de leurs précédents albums.
How Strange, Innocence(2000)
Those Who Tell the Truth Shall Die, Those Who Tell the Truth Shall Live Forever (2001)
Album Link
The Earth is not a Cold Dead Place(2003)
Album Link
All Of A Sudden I Miss Everyone
BON IVER (click)
Bon Iver est le nom du groupe du chanteur et musicien américain Justin Vernon, accompagné de Mike Noyce et Sean Carey. Il compose des musiques lors d'une retraite de 3 mois dans le nord du Wisconsin. En 2007, il a auto-produit son premier album For Emma, Forever Ago et l'a mis en écoute sur le site Internet Virb.com, ce qui lui permit d'être remarqué par le label de rock indépendant Jagjaguwar qui assurera la distribution de l'album en 2008.
Le magazine musical Pitchfork a chroniqué For Emma, Forever Ago et lui a attribué la note de 8.1 sur 10. En octobre 2008, son concert à La MaroquinerieYellow Bird Project pour recueillir des fonds pour Interval House et a dernièrement participer à la B.O. du second volet de Twilight (Tentation), sortit le 18 Novembre dernier au cinéma, l'actrice, Kristen Stewart, héroïne de ce film se dit "posséder" par les musiques de Bon Iver depuis plus de deux mois dans une intervew donnée à CANAL +. affiche complet.
A la fin 2008 paraît un EP, Blood Bank. Deux morceaux de Bon Iver sont également présents sur la compilation Dark Was the Night.
La chanson woods paraît dans la série britannique Skins épisode 8 pendant la saison 3, et "Re: Stack" dans le dernier épisode de la saison 4 de Dr House. Plusieurs chansons apparaissent dans la saison 2 de la série Chuck "Skinny Love" pendant l'épisode 3, "Blood Blank" durant l'épisode 18, "Creature Fear" et "Team" lors de l'épisode 21. La chanson "Blindsided" apparaît dans l'épisode 13 de la saison 5 de Grey's Anatomy. Bon Iver compte également une participaton à la B.O. de New Moon (Twilight II Tentation) aux côtés de St Vincent avec "Roslyn
CALLA (click)
Les trois Texans de Calla nous avaient offert, avec leurs précédents albums, autant de disques aussi expérimentaux que sans concessions. De leur premier album éponyme sorti en 1999 à Televise en 2003, véritable florilège de tubes envoûtants par leur noirceur et leur richesse, en passant par le petit bijou Scavengers paru en 2000 (bien que pas vraiment à la portée du premier néophyte venu). Calla se cache derrière un son puissant, et se niche quelque part entre Ride et My Bloody Valentine, les deux noms qui viennent d'emblée à l'esprit à l'écoute des albums, et plus encore en concert.
Depuis Televise, Calla a opéré un virage majeur. Après le départ de son bassiste Sean Donovan et son remplacement par Jorge Gonzalez, la bande menée par Aurelio Valle a choisi d'arrondir les angles. Sans rien abandonner des expérimentations et de la remise en cause du rock qui les caractérisent, les musiciens ont rendu leur musique indéniablement plus accessible. Le rock de Calla est clairement plus abordable, mais explore de nouveaux horizons, certes moins exotiques, mais diablement excitants. De l'impérieux "It Dawned On Me" à la richesse sonore de "Stumble", le disque navigue en eaux troubles, au coeur de la mélancolie et des dissonances.
Calla est toujours aussi inclassable, a perdu de son mysticisme, sacrifié a profit d'une approche certes moins ambitieuse, mais avance dans le doute permanent, dans un brouillard sonique compact, qui laisse à penser que Calla délaisse l'exploration pour l'amour de la désorientation.
Au final, un excellent album de rock pour une évolution vers la clarté. La remise en cause et le doute seront toujours facteurs de réussite.
THE NATIONAL (click)
Avec le sublime Fake Empire,The National place d’emblée la barre très haut. Portée par un piano aérien la voix de Matt Berninger semble inventer une sorte de soul moderne annonçant la superbe envolée de cuivres finale. Dès les morceaux suivants, les incandescents Mistaken For Strangers et Brainy, on retrouve le groupe en territoire connu, c’est à dire en digne descendant de Joy Division bien loin de la multitude de groupes contemporains flirtant souvent avec le pastiche caricatural. Même si le groupe nie souvent cette influence en interview, il sait merveilleusement recréer cette sensation de tension permanente, ce désarroi toujours sur le fil qui se dégageaient de la musique du groupe de Manchester.
Boxer(2007)
NEUTRAL MILK HOTEL (click)
Paru en 1998 sur Merge Records, In The Aeroplane Over The Sea sonne toujours comme une embardée. Jeff Mangum, membre honorifique d’Olivia Tremor Control, n’y chante pas comme vous et moi, mais plutôt comme Robert Pollard de Guided By Voices (mais encore plus fort), ou comme Bob Dylan sous Valium. Autrement dit, quelqu’un de beaucoup trop humain pour la moyenne.
En fait, Jeff Mangum chante comme on explorerait des terres vierges : à poil. On a rarement entendu depuis langue plus franche et alambiquée (ces paroles quand même) que chez ce natif de la Louisiane rurale émigré à Athens, Georgie. Fan des Minutemen, de Robert Wyatt, de John Coltrane, de John Cage et du récemment disparu Luc Ferrari, ce bon sauvage oscille constamment entre violence acoustique et fureur électrique (Guided By Voices, encore), se plaçant en père putatif et bien plus inspiré de l’antifolk. Son amour réel pour la musique traditionnelle bulgare (sic) l’amène même à utiliser des cuivres, inventant pour le coup une sorte de lo-fi maximaliste et symphonique.
Neutral Milk Hotel, entité remarquable issue de la galaxie Elephant6, avait une vision bien particulière du psychédélisme, se plaçant dans une lignée lointaine et familière (de Captain Beefheart aux Shaggs, en passant par Roky Erickson et l’Incredible String Band, pour finir chez Jad Fair ou Television Personalities), tout en restant un groupe de folk américain. Ce qui fait de cette légitime réédition (chez Domino, excusez du peu) une bien curieuse affaire à (re)découvrir d’urgence.
DAVID PAJO (click)
Visionnaire post-rock du temps de Slint et Tortoise, papa cool country/folk sur quelques albums solo confinés sous le pseudo « M » ou en compagnie des illustres Palace Brothers, on pourrait aussi rajouter là-dessus ses incursions electro-pointues aux côtés de Matmos et des doux barrés de Stereolab... vous vous en doutez un peu à la vue du CV de ce sur-diplômé : l’homme est une véritable éponge, absorbant n’importe quel genre avec une dextérité écoeurante. Hormis l’épisode pathétique Zwan avec Billy Corgan (on se demande encore comment le bonhomme s’est empêtré là-dedans), le guitariste est toujours retombé sur ses pattes à chaque nouveau projet improbable, navigant en solitaire contre vent et marée.
Accompagné d’une simple guitare et de quelques bruitages cafardeux, Pajo est un disque de pop acoustique ermite. Dès les chuchotements vocaux soufflés sur “Oh No No””, on jurerait entendre feu Elliott Smith nous tendre la main enfouie dans son caveau. La chair de poule. L’illusion est encore plus troublante sur les harmonies croisées de “High Lonesome Moan”. On ne cause pas ici d’ersatz, Pajo sait trousser des mélodies à la finesse incomparable. Moins branché Leonard Cohen que sur ses disques estampillés Papa M, toutes les mélodies ici prennent à la gorge. Malgré le cadre somme toute limité (uniquement une guitare acoustique), chaque titre tente d’apporter une couleur en plus à ses doux arpèges, comme quelques percussions du plus bel effet sur “Ten More Days”, ou l’exploration de nouvelles progressions acoustiques (“Baby Please Come Home”, Wa“r Is Dead”). “Francie”, approche extra-sensorielle, nous propulse enfin à travers cette magnifique pochette d’aurore perpétuelle.
Parfois livrée sous un dépouillement extrême, (“Mary of the Wild Moor”) la magie opère de plus belle et brise en deux toute tentative de résistance à tant de beauté confinée. Il y a cependant une noirceur qui émane de ce disque, couvée par des arrangements un peu morbides, comme tentant d’obscurcir ces mélodies lumineuses. En vain.
Peut-être bien que chaque morceau rappellera d’autres noms illustres -(Elliott Smith donc ou Simon & Garfunkel sur “Manson Twins” ), mais il faudrait avoir du sable dans les oreilles pour ne pas reconnaître le talent d’exception du larron. Une poignée de chansons formidables, c’est ce qui reste au final. Brillant.
Pajo / Album Link
Ecoutez "Oh no no" sur mon 8 tracks : http://8tracks.com/zuglo/zuglo-s-october-2009-mix